Revoir Tamazirt

Publié le par iflillis

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Comme tous les ans à peu prés à cette époque l’effervescence gagne la maison ; le départ pour « Le » pays est imminent. Le temps est à un enthousiasme certain mais aussi à une certaine fébrilité. Personne n’oublie que le destin commun à tout exilé est celui de n’avoir pas pu être tout à fait ce qu’il aurait voulu être, celui de ne pas avoir pu accomplir ce qu’il aurait voulu dans son pays d’origine. La raison à ce moment prend encore le pas sur le reste. Puis des kilomètres plus loin voilà le pays. Mais pas tout à fait au final puisque même entre Casablanca et Marrakech avec une impatience presque enfantine chacun se demande à quand l’arrivée.


Et petit à petit les conversations des passants même les plus banales deviennent comme une douce mélodie à l’oreille, le brouhaha des rues aminées comme un concert harmonieux. Voilà que la raison n’a plus son mot à dire devant ses paysages familiers. Une émotion presque trop grande, presque excessive vous envahie à la vue de cette terre, de ces paysages. Ces paysages dont on entend qu’ils sont lunaires semblant avoir été abandonnés par la nature, n’y laissant que des reptiles sans beauté et des plantes assoiffées. Un océan de cailloux formé par des vagues de collines où les nuances de gris se déclinent partout. Beaucoup vous dirons que ces terres sont sans attrait, mais lorsqu’on les regarde avec le cœur il en est tout autrement. Cette terre est le décor de l’histoire de nos ancêtres, elle est le lieu où vivent les notres et où s’exprime notre langue. Ces montagnes sont les remparts, les bases solides sur lesquelles nous avons construit tout ce que nous sommes.


A la vue de Tamazirt, à la vue « Du » pays, mille et un sentiments vous gagnent, parfois contradictoires, mais au même moment et avec la même intensité. Entre la joie incommensurable du retour chez soi et l’immense peur de ne plus y avoir sa place, entre l’euphorie de revoir les siens et l’appréhension de ne plus les reconnaître ... C’est fou comme ces terres arides peuvent irriguer et inonder les cœurs de tous ceux qui les aiment. C’est ici que nos cœurs prennent racine.


Voilà ce qu’un exilé de retour chez lui peut ressentir entre la confusion des sentiments et la certitude d’être exactement à sa place au sein de cette terre qui lui appartient et à laquelle il appartient.
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A
Je ressens chauq mot de ce texte comme si il provenait de mon coeur. Tu as su décrire ce sentiment profond qui nous étreint. Un texte écrit avec simplicité mais tellement délicieux à lire. Merci infiniment.
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